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Nicolas Bay : « Macron demeure dans le fédéralisme à marche forcée »

par GS 6 Mars 2019, 18:40 RN Marine Le Pen Parlement UE UE Européennes 2019, Emmanuel Macron LREM Gouvernement Mondialisation Commission européenne Presse ENL Société Social

 

Le Point : aux yeux de votre parti, le Rassemblement national, tout est-il à rejeter dans la tribune sur l'Europe d'Emmanuel Macron ?

Nicolas Bay : Quand il évoque la remise à plat des règles de Schengen, l'intention est intéressante. Tout le monde peut constater que l'abaissement des frontières nationales en Europe combiné à l'absence de moyens pour protéger sérieusement les frontières extérieures a conduit ces dernières années à une immigration massive et au refus des peuples d'accepter plus longtemps cette situation. Mais ce que propose Emmanuel Macron reste prisonnier du schéma de libre circulation, et ce qu'il propose n'est pas très différent de la réforme Dublin IV qui est actuellement bloquée au Conseil européen (après un vote favorable du Parlement européen qui s'est comporté une fois encore comme la chambre d'enregistrement de la Commission). Or, pour nous, si ce principe de libre circulation a une apparence sympathique, il induit aussi la libre circulation des clandestins, délinquants, criminels et terroristes. Il est donc nécessaire de rétablir des contrôles aux frontières nationales et de défendre réellement les frontières extérieures de l'Union.

Macron reste là aussi dans le cadre actuel d'un traitement des demandes d'asile en Europe qui implique l'accueil préalable de gens qui, pour leur immense majorité, viennent pour des raisons économiques, ne fuient pas la guerre et ne sont pas éligibles au droit d'asile. Cette vision là est datée. Nous pensons que les demandes d'asile doivent être traitées hors du territoire de l'Union.

Mais cette proposition de « hotspots » hors l'Union a fait l'objet de conclusions du Conseil européen et a été rejetée par nos voisins du bord sud de la Méditerranée...

Ça se négocie dans un cadre diplomatique. Ces pays méditerranéens bénéficient suffisamment de nos subventions pour que nous soyons en mesure de conditionner nos aides au développement à une vraie maîtrise des flux par les pays d'origine. Il n'y a jamais eu de véritable volonté politique en ce sens en Europe. L'immigration clandestine subie s'ajoute à une immigration légale constamment encouragée par les institutions européennes !

Emmanuel Macron défend aussi l'idée d'un bouclier social des travailleurs garantissant sur le même lieu de travail la même rémunération. Vous êtes contre, là aussi ?

En fait, sur le travail détaché, il pose mal la question. Le principe du « à travail égal salaire égal » ne permet pas de régler la question du dumping social des pays de l'Est. C'est le paiement des cotisations sociales dans le pays d'origine qui maintient le déséquilibre entre travailleurs de l'Est et de l'Ouest, au détriment des seconds. Or, Macron n'y touche pas du tout. Il a prétendu avoir obtenu une victoire sur ce dossier après sa tournée dans les pays de l'Est mais ce compromis du rapport Morin-Chartier (eurodéputée PPE, rapporteur de la modification de la directive sur le travail détaché) ne règle rien. Tant que l'on ne touchera pas au principe du paiement des cotisations sociales dans le pays d'origine, les progrès seront insignifiants et, en pratique, cette insupportable préférence étrangère à l'emploi sur notre sol perdurera.

Que pensez-vous de cette méthode, une adresse directe aux électeurs européens ?

Toujours plus de pouvoir à la Commission et toujours moins aux nations ! Loin d'être original ni même nouveau, le projet de Macron consiste à aller encore plus loin dans un modèle qui ne fonctionne pas, qui a aboutit à l'impuissance collective des nations et fait souffrir nos peuples. Il veut imposer sa façon de voir aux Européens qui, chacun dans leur pays, n'attendent sans doute rien d'un Président qui n'est plus soutenu que par 25 % des Français et qui est contesté par des manifestations de rue tous les samedis depuis quatre mois ! Les peuples souhaitent qu'on respecte leur identité, leurs spécificités. Or, Macron demeure dans une démarche fédéraliste consistant à créer toujours plus d'autorités européennes, de banques européennes, d'agences européennes... Il veut en fait accélérer dans une méthode qui a déjà échoué. Sa souveraineté européenne entend se substituer à celles des Nations. L'Europe qui a le vent en poupe, c'est celle de la coopération entre les Nations qui le souhaitent et non ce fédéralisme à marche forcée.

Entretien réalisé par Emmanuel Berretta , publié le 05/03/2019

Le Point

 

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